Le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus courant chez la femme dans le monde, avec environ 660 000 nouveaux cas et 350 000 décès liés à cette maladie en 2022. Trois quarts des cas sont diagnostiqués chez des femmes âgées de 25 à 64 ans.
Le cancer du col de l’utérus est causé par une infection persistante par le virus du papillome humain (HPV). Il en existerait plus de 150 sous-types et parmi ces types, on distingue les HPV à bas risque (qui peuvent donner des condylomes, verrues génitales) et les pro-oncogène à haut risque, qui peuvent causer des cancers.
Le cancer du col de l’utérus est une maladie qui est accessible à un dépistage et à une prévention par le vaccin, qui diminue le risque de 90%. Il n’existe pas de traitement virucide pour faire partir l’infection à HPV persistante. Il faut attendre que le corps (ce qu’on appelle la clairance) l’élimine, tout en sachant que celle-ci est ralentie par le tabac.

Le Dr Estelle Mallet, chirurgienne gynécologique et sénologique au Pôle Santé Saint Jean revient sur la prévention, la vaccination et les facteurs de risque.
Qu’est-ce que le cancer du col de l’utérus ?
Le col de l’utérus est l’entrée de l’utérus qui contient un tissu malpighien kératinisé, l’exocol (comme de la peau) et un tissu glandulaire muqueux, l’endocol (comme l’intérieur de la joue). La plupart des cancers du col sont des cancers épidermoïdes qui donnent plus facilement des symptômes, car extériorisés, mais il existe des formes touchant l’endocol donc plus internes.
Le cancer du col de l’utérus est causé par le virus papillome humaine (HPV), qui est une infection sexuellement transmissible courante et responsable de cinq autres cancers papillo-induits dont la vulve, le vagin, l’anus, le pénis et oro-pharynx (la gorge).
Dans la majorité des cas, il s’agit d’une lésion pré-cancéreuse de haut grade qui se transforme en lésion maligne en passant la membrane basale (membrane qui sépare les cellules de l’épiderme et le derme) en risquant de se propager en dehors de l’utérus, en touchant le tissu qui l’entoure (paramètre) et atteindre les ganglions.
C’est pourquoi la lésion de haut grade lorsqu’elle est diagnostiquée, est retirée par une chirurgie de conisation.
Il faut savoir que pratiquement la quasi-totalité des personnes qui sont actives sexuellement seront infectées à un moment de leur vie, la plupart du temps ces infections vont être transitoires. Les personnes qui vont présenter des dysplasies (développement anormal des cellules) n’auront pas de symptômes, c’est pour cela qu’on les dépiste.
Le cancer du col évolué saigne la plupart du temps ou donne des pertes anormales.
La plupart des cas, le système immunitaire élimine le virus de l’organisme. Mais l’infection persistante par le HPV à haut risque peut entraîner des anomalies cellulaires qui se transforment en cancer.
Les facteurs de risque d’une évolution vers un cancer sont :
- La précocité des rapports sexuels (immaturité des tissus)
- La multiplicité des partenaires sexuels (plus de contact avec des formes de HPV à haut risque)
- Le tabagisme (ralentit l’élimination naturelle)
- Être porteur du virus VIH ou être sous traitement immunosuppresseur
- Le fait d’avoir eu plusieurs enfants (multiparité)
- Les virus HPV à haut risque de génotypes HPV 16 et 18 sont les plus fréquents. Ils sont retrouvés dans 70 % des cancers du col de l’utérus et ont la réputation d’être les plus agressifs parmi les virus HPV
Comment prévenir le cancer du col de l’utérus ?
Le dépistage permet de détecter la présence du virus ou d’anomalies des cellules du col de l’utérus et donc de les traiter avant qu’elles n’évoluent en cancer ou de diagnostiquer des cancers à un stade précoce et ainsi d’améliorer les chances de guérison.
Il y a deux moyens efficaces pour prévenir le cancer du col de l’utérus, la vaccination et le dépistage. Ce dernier a beaucoup évolué depuis 2019 avec la mise en place d’une recherche directement de l’ADN de l’HPV haut risque.
Le frottis : il est proposé pour toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans. Selon l’âge de la patiente, on recherchera la présence de cellules du col anormales pour les jeunes femmes de 25 à 29 ans (car on considère que la présence de l’ADN de l’HPV est encore très présente) ou la présence du virus HPV entre 30 et 65 ans.
Entre 25 et 29 ans, le frottis est à réaliser à 1 an d’intervalle pour les 2 premiers tests, puis si les résultats sont normaux, tous les 3 ans. Il s’agit d’une analyse cytologique pour retrouver des cellules anormales.
De 30 à 65 ans, le frottis recherche directement l’ADN de l’HPV à haut risque. Il se réalisera 3 ans après le dernier examen cytologique normal puis tous les 5 ans jusqu’à 65 ans dès lors que le résultat du test est négatif.
Le but est donc de mettre en évidence les lésions pré-cancéreuses (haut grade) et de les traiter avant qu’elles n’évoluent en cancer ou de diagnostiquer des cancers à un stade précoce et ainsi d’améliorer les chances de guérison.
Le frottis peut être réalisé par le médecin (gynécologique ou généraliste) mais également par une sage-femme.
La vaccination : La vaccination ne se substitue pas au dépistage mais vient renforcer les mesures de prévention. En effet, la vaccination ne protège ni contre tous les cancers du col de l’utérus ni contre toutes les lésions précancéreuses. Donc, même vaccinées, les femmes doivent bénéficier du dépistage en réalisant un frottis du col de l’utérus. Le vaccin est recommandé pour toutes les jeunes filles et également tous les garçons âgés de 11 à 14 ans révolus.
Les pays qui ont étendu la vaccination à l’ensemble de leur population, comme L’Australie dès 2007, s’attendent à rendre le cancer du col de l’utérus comme maladie rare : taux inférieur à 4 pour 100 000 femmes par an d’ici à 2035. La couverture en France est malheureusement encore trop insuffisante avec 26% de la population vaccinée, ce qui nous classe en 27ᵉ position en Europe, bien loin des 80% visés.
Quels sont les signes qui doivent alerter ?
En l’absence de dépistage et si le cancer évolue, il peut y avoir des symptômes qui apparaissent tels que :
- Saignements vaginaux après les rapports sexuels
- Saignements vaginaux spontanés en dehors de la période des règles
- Douleurs au moment des rapports sexuels
- Pertes vaginales anormales
- Douleurs dans le bas-ventre
- Douleurs lombaires
Ces symptômes ne sont pas spécifiques du cancer du col de l’utérus, c’est pourquoi il est nécessaire de consulter, la confirmation se fera par une biopsie.
Pour en savoir plus sur les cancers féminins, consultez notre page sur l’Institut Azuréens des cancers de la femme.